Palomebella Rossa (Nanni Moretti, 1989)

photogramme du film Palomebella Rossa, Nanni Moretti est dans un match de water polo derrière la balle

Ce texte est une reprise d’un texte originellement publié sur mon compte Letterboxd.

Dans le cadre d’un match de water-polo, Nanni Moretti utilise pour la dernière fois son alter ego de Michele Apicella. Cette fois-ci, il est un politique du parti communiste italien, et il a perdu la mémoire.

La cause de son amnésie vient d’un accident qu’il a subit dès l’ouverture du film. Cet évènement est montré en quelques minutes, à peine sorti de l’infirmerie sans même se souvenir de son identité il est embarqué par ses coéquipiers vers la finale du championnat. Palombella Rossa est un film fondamentalement introspectif ; l’univers du film perd tout lien avec la réalité et s’autorise des images iconiques (quand Michele plonge dans la piscine pour échapper à des admirateurs et qu’il nage au milieu de panneaux publicitaires de glaces, une musique extra-diégétique achève la suggestion d’un imaginaire de l’enfance).

Au fil des entraînements, des matchs et des intervention de personnages inconnus, les souvenirs se font ramener à lui. Souvenirs de son enfance, sa dernière intervention télévisée, son militantisme passé. L’eau est l’élément formel qui vient lier ses souvenirs hétérogènes ; avec les différentes figures auxiliaires qui n’ont rien à voir autour d’un match de water-polo (syndicaliste, théologien, maître de yoga, …)..

Michele reprend le sens des mots, alors qu’il utilisait des formulations creuses dans les souvenir de son intervention dans une émission politique. En mettant en relation ce film avec le documentaire La Cosa (1990) qui documentait les débats des militants dans un PCI au bord de la dissolution et à l’identité en déperdition.

Palombella Rossa est un film non seulement plaisant à voir, avec son lot d’images cultes (la dernière séquence sur le circus maximus qui me rappelle une des dernières séquences de Nostalghia, les séquences de nage au ralenti), les diatribes d’un Nanni Moretti qui pense à voix haute, et une profondeur d’analyse qui mêle la recherche d’identité d’un individu et de tout un pan de la société italienne.